17 juin - 25 octobre 2020
Street trash
Type
Exposition de groupe
Commissariat d'exposition
Amandine Guruceaga et Benjamin Marianne
Liste des oeuvres
Communiqué de presse
L’exposition réunit des œuvres et des artistes qui partagent l’univers esthétique de la culture gore, grotesque et post apocalyptique, à l’image du film éponyme : Street Trash, de Jim Muro (1987).
La poubelle de rue, la récupération, les rebuts, les lieux abandonnés et délaissés sont depuis plusieurs générations d’artistes une source inépuisable d’idées pour la création plastique. Les dadas, les nouveaux réalistes et depuis les années 1980 des artistes américains comme Mike Kelley, Paul Mc Carthy, Paul Thek, Jimmy Durham ou John Bock ont fait émerger cette violence issue des cultures urbaines, underground et péri-urbaine avec humour et brutalité.
L’exposition tente ici de cerner le genre horrifique dans la sculpture et l’art contemporain. Elle a pour but de rassembler, dans une scénographie sombre et inquiétante, une quarantaine d’œuvres d’artistes contemporains qui, par leurs formes, leurs matériaux, leurs esthétiques, partagent cette fascination jouissive pour ce qui fait peur, répugne ou traumatise mais qui, pourtant, sublime les matières pauvres et délaissées.
Les artistes : Sylvie Auvray, Alexandre Bavard, Michel Blazy, Mathis Collins, Johan Creten, Mimosa Echard, Daniel Firman, Julien Goniche, Michel Gouéry, Amandine Guruceaga, Agata Ingarden, John Isaacs, Renaud Jerez, Jed Kirby, Hugo L’ahelec, Arnaud Labelle-Rojoux, Estrid Lutz, Anita Molinero, Elsa Sahal, Maxime Sanchez, Ugo Schiavi, Jim Shaw, Anne Wenzel.
Nietzsche se demandait quelle dose de vérité nous étions capablesde supporter. Nous, c’est au sujet de la dose, non de vérité, mais d’empoisonnementque nous sommes en droit de nous poser cette question. Quelle dose de poisonnotre corps supportera-t-il ? Jusqu’à quel degré de saleté et de pourritureenvironnante réussirons-nous à nous adapter pour ne pas crever ? Nous produisonsdeux milliards de tonnes de déchets par an et nous vivons dans l’illusion d’unepérennité de la propreté et de sa primauté sur la saleté. Nous en produironstrois à quatre milliard dans 25 ans, si le monde existe encore dans 25 ans (et c’estpas gagné). Et nous vivons tout épisode de saleté ou de poison comme un épisodetemporaire, momentané, une pause entre deux séquences de propreté et de pureté.Nous continuons à éloigner les déchets dans des décharges éloignés du centre,mais celles-ci sont tous les jours un petit peu moins éloignées puisqu’elles necessent de grossir. Et nous vivons comme si ces décharges ne grossiraient pas unjour au point de dévorer les villes. Nous vivons comme si la saleté ne deviendraitjamais la règle, et la propreté, l’exception. Nous continuons à éloigner lesdéchets plus lourds et plus dangereux sur des îles-poubelles, qui finissent parse remplir à ras bord, transformant lentement mais sûrement la Terre en unePlanète Poubelle.
Bien entendu, la grande majorité de ces déchets viennent dela partie la plus riche de la population mondiale. Celle qui peut se permettre deproduire,de consommer et de jeter beaucoup de plastique, de métal, de verre. Etsi le plastique ne représente que 12% des déchets municipaux, on sait qu’il aune durée de vie particulièrement longue : une bouteille en plastique met entre100 et 1000 ans à se dégrader. Les particules de microplastique contaminent lesocéans et empoisonnent les poissons. Il y aura bientôt plus de plastique que depoissons dans les océans. Lorsque la planète sera transformé en poubelle, quisera capable d’y survivre ? Lorsque les poissons seront transformés enplastique, que restera-t-il de nous ? Quelle dose de plastique serons-nouscapable de supporter ? La vérité, c’est la poubelle de la vie, le plastique non-dégradabledu monde. Et clairement nous ne sommes pas encore prêts pour cette vie à l’èrede la grande décharge. Nous ne sommes pas encore prêts à produire les anticorpsqui nous permettraient d’en contrer les effets à court ou moyen terme.
Unique film de Jim Muro, « Street Trash » (1987) racontel’histoire d’une société de parias, sous- prolétaires en haillons, clochardsnew-yorkais qui trainent dans les rues et vivent dans une décharge publique.Ils font une vie d’enfer aux autres comme à eux-mêmes, quand ils ne se mettentà boire une boisson nommée Viper, trouvée au fond de sa réserve par un vendeurde spiritueux sans scrupule : une boisson qui les liquéfie et met leurs corps enbouillie. Prendre « Street Trash » comme matrice d’exposition, et les déchets oule saleté comme sujets esthétiques,