12 mai - 5 octobre 2011

Sculpture’ Elles - Les sculpteurs Femmes du XVIIIe siècle à nos jours

Musée des Années 30, Espace Landowski, Boulogne-Billancourt (FR)

Type

Exposition de groupe

Commissariat d'exposition

Anne Rivière

Vues d'exposition

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Liste des oeuvres

Communiqué de presse

En 2009, l’exposition « Elles » organisée par le Centre Pompidou à Paris, était une première du genre. Son succès fut tel quelle sera prolongée jusqu’en février 2011. Un compte rendu en a été fait pour les Cafés géographiques (voir le n° 1823).

Aujourd’hui, le M-A30, musée des Années 30 de Boulogne Billancourt reprend l’idée mais limite son accrochage aux femmes sculpteurs, ayant travaillé en France, du XVIII e siècle à nos jours. A n’en pas douter, cette exposition, dont la muséographie est remarquable, devrait attirer de nombreux visiteurs et permettre d’acquérir aux femmes sculpteurs la lisibilité qui leur est due.Pouvez-vous citer des femmes sculpteurs ? Camille Claudel, Niki de Saint-Phalle, Germaine Richier, Louise Bourgeois ? Ce sont « les stars » de la discipline et elles sont présentes. Mais vous aller découvrir quelques 90 autres sculpteurs à travers un parcours à la fois thématique et chronologique. De l’art du portrait, au nu, en passant par l’art monumental et les installations contemporaines, une belle promenade vous attend.

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ÊTRE FEMME SCULPTEUR OU SCULPTRICE ?

Être femme et artiste a toujours été difficile. Giorgio Vasari, peintre et écrivain toscan de la Renaissance affirmait clairement que « les femmes procréent et les hommes créent ». Beaucoup plus proche de nous, Camille Claudel (1894-1943), sœur de l’écrivain Paul Claudel, élève et compagne d’Auguste Rodin fut internée les trente dernières années de sa vie et son propre talent de sculpteur ne fut reconnu que très récemment. Pensez donc ! Elle voulait peindre « comme un homme » et comme son maître.

L’exposition du M-A30 n’est pourtant pas une exposition « manifeste » comme l’était celle du Centre Pompidou, même si l’on y retrouve Germaine Richier, Niki de Saint Phalle ou Orlan. Elle veut seulement donner à voir des œuvres souvent cachées dans des réserves.Saluons le travail d’Anne Rivière, historienne d’art et commissaire de cette exposition. Nous lui devons déjà d’avoir rédigé le catalogue raisonné de Camille Claudel. Ici, elle regroupe un ensemble d’une centaine de chefs d’œuvres produits par 90 femmes.La scénographie, conçue par Cédric Guerfus, rend possible l’appréhension de chaque œuvre dans son intégrité. L’espace est vide de cloisons, structuré seulement en bulles colorées (c’est gai et pimpant) et le visiteur peut sans cesse aller et venir, voir la même sculpture de prés ou de loin, de face, de dos au de trois-quarts ! Un régal !

L’existence de femme sculpteurs est attestée depuis l’Antiquité et au Ier siècle, Pline l’Ancien cite, dans son Histoire naturelle, la Grecque Timarete et la Romaine Iaia de Cyzique. Mais ces pionnières sont des exceptions dans des sociétés patriarcales.

Au Moyen Âge leur place dans les ateliers est possible mais seulement si elles sont filles ou épouses d’un peintre ou d’un sculpteur. Comme le rappelle Marie-José Bonnet : « La sculpture a une dimension divine et masculine. Dans la Bible, c’est Dieu le Père, qui le premier a façonné l’homme à son image. Ce n’est pas anodin ». A ce handicap de nature religieuse et idéologique, il faut ajouter la volonté des hommes de se réserver un pré carré. Au XIII e siècle, la taille de la pierre est réservée aux compagnons, uniquement des hommes. Il est vrai que ce travail de force peut sembler hors de portée du sexe faible.

Si l’Académie royale de peinture et de sculpture est créée en 1648, la première femme peintre n’est admise que quinze ans plus tard et la première femme sculpteur trente ans plus tard. Il s’agit de Dorothée Massé.Il faut attendre le XVIII e siècle pour voir l’émergence de femmes sculptrices. Des ateliers exclusivement féminins sont réservés pour leur apprentissage. Mais en 1783 un quota limite le nombre d’académiciennes à quatre !

Au XIX et au début du XX e, une petite place leur est concédée. En 1903, elles sont autorisées à concourir pour le Prix de Rome et en 1911 Lucienne Heuvelmans devient la première lauréate femme et sculpteur. Mais on attend d’elles de la douceur et de la joliesse, des portraits de femmes et des maternités, sinon, comme Camille Claudel, elles sont exclues. Leur pratique de la sculpture est considérée comme un passe-temps luxueux. Elles ne peuvent l’acquérir que dans des écoles ou ateliers privés où les tarifs pratiqués (comme à l’Institut Rodin fréquenté par Camille) sont deux fois plus élevés pour la clientèle féminine ! Enfin, si elles veulent sculpter des nus, il faut que le modèle soit drapé et plutôt deux fois qu’une.

La reconnaissance pleine et totale ne date que des dernières décennies. Elle est portée par les mouvements féministes des années 1960-70. Quelques unes accèdent à la gloire, comme Brigitte Terziev première femme sculpteur à être élue à l’Académie des Beaux-arts en 2007. Les autres, vous les découvrirez en traversant l’exposition

Bibliographie

Crédits