Francis Raynaud
12 - 17 juillet 2014
Entrée en matière
Type
Hors-les-murs
Commissariat d'exposition
Jean Bonichon
Liste des oeuvres
Communiqué de presse
Artistes invités :
Marie Benattar, Roland Cognet, Michel Gerson, Pierre-Alexandre Lavielle, Carole Manaranche, Anita Molinero, Francis Raynaud, Pierre-Alexandre Remy, Edwige Ziarkowski
Journal du parcours édité à 500 exemplaires / Texte de Cédric Loire.
12 sites : Abbatiale Sainte-Valérie, Jardin de l’Abbatiale, Cabines téléphoniques, Médiathèque La Poste, Salle d’exposition de l’Office de tourisme, Jardin de la Couture, Petit Jardin des Secrets, EHPAD, Hôtel Restaurant Les Estonneries, Établissement Thermale d’Évaux-les-Bains.
_
L'art public dans le contexte de Chambon-sur-Voueize
« Nous n'appréhendons pas la sculpture publique comme une chose entre quatre murs au sens spatial du terme mais comme un outil pour l'action » (Siah Armajani)
La commune de Chambon sur Voueize initie un événement d'art contemporain estival de première importance : plusieurs artistes reconnus sont invités à présenter des œuvres sur différents sites. La sculpture est l'un des médiums privilégiés de ce « parcours » qui propose au promeneur, à l'usager, une rencontre avec la création artistique sur le mode du dialogue entre l'art, le patrimoine et l'espace public. L'événement, organisé par l'Office du tourisme, participe au développement culturel du territoire communal et s'inscrit dans une action plus générale d'aménagement des espaces publics initiée par la commune. Le commissariat de l'exposition est assuré par Jean Bonichon, artiste, originaire de la région, fin connaisseur de la création actuelle et lui-même engagé dans une pratique de l'art in situ et de la sculpture.
La sculpture en tant que thématique principale de la manifestation construit d'emblée un lien fort avec le patrimoine qu'il soit matériel (celui de l'architecture religieuse et civile) ou immatériel (celui des savoir-faire). L'art questionne ce patrimoine bâti et « interroge autant sa réalité actuelle que son passé ». Ce choix nous rappelle aussi que la sculpture s'est affirmée en Creuse dans une relation forte avec les matériaux traditionnels, granit, pierre et bois, utilisés notamment dans la construction. Des réalisations artistiques importantes, dans le domaine de la sculpture publique, telles que le mur en pierre sèche d'Andy Golsworthy à Vassivière (1992) ou les Spirit Houses de Marina Abramovic à Bourganeuf
(2001), révèlent l'importance de ce rapport entre la création artistique et les savoir-faire régionaux. Au-delà de cette histoire spécifique, la présence affirmée de la sculpture au sein du parcours fait écho aux collections publiques en région, à commencer par celle du FRAC Limousin, reconnue pour son excellence dans ce domaine.
Cette manifestation artistique est également exemplaire de l'évolution des politiques culturelles actuelles, qui, tout en privilégiant une programmation exigeante, s'ouvrent à l'ensemble des publics et ont pour objectif de rendre accessible la création contemporaine en dehors des lieux spécialisés. Outre les espaces extérieurs, jardin et places, ou les sites patrimoniaux, l'évènement artistique se développe également dans des lieux de vie tels que l'EPHAD ou la médiathèque.
De ce point de vue, le Parcours d'art contemporain de Chambon sur Voueize s'inscrit également dans une tradition régionale qui, du Bois de sculpture de l'ile de Vassivière à La Croisée des chemins de La Souterraine en passant par L'Art en lieu de Royère de Vassivière, positionne la création contemporaine au cœur des espaces de vie, en relation directe avec les habitants, les usagers réguliers ou occasionnels qui parcourent ces lieux.
Lorsque la sculpture se déplace ainsi dans l'espace public, un dialogue ou une confrontation s'instaure avec les œuvres du patrimoine bâti et de l'architecture en générale. Comme a pu l'affirmer l'artiste américain Siah Armajani, « la sculpture publique n'est pas ici pour rehausser l'architecture dedans ou dehors, pas plus que l'architecture n'est là pour loger la sculpture publique, dedans ou dehors, elles sont destinées à voisiner ». Ce rapport de « bon voisinage » entre l'art et l'architecture est un enjeu important pour un tel évènement artistique. Il s'agit en effet que les œuvres répondent visuellement à l'architecture et inversement. Pour autant, la question principale n'est pas uniquement d'installer des œuvres remarquables dans l'espace public pour en transformer la vision et l'usage. Elle est avant tout de prendre en considération la problématique singulière et plus globale de l'espace public de la ville, de répondre à son évolution et à sa transformation que les aménagements récents ont permis.
Si Le Parcours d'art contemporain a ainsi plus de sens à Chambon sur Voueize qu'ailleurs, c'est parce qu'il répond à une politique volontariste d'aménagement de l'espace public qui fait de ce dernier un lieu de vie, de questionnement et d'échange. Au-delà de sa dimension événementielle, la manifestation accompagne ainsi l'important développement urbain d'une commune marqué par l'ouverture de la médiathèque intercommunale (2012), par l'aménagement des abords de l'abbatiale Sainte-Valérie ou par la réfection de la place du marché: des réalisations ambitieuses qui font de Chambon sur Voueize une «ville innovante et tournée vers le XXle siècle » : une ville ouverte sur son époque et perméable à ses nombreuses évolutions y compris artistiques.
- Antoine Réguillon
Conseiller pour les arts plastiques, Direction régionale des affaires culturelles du Limousin, Juin 2014
Bibliographie
Crédits
Francis Raynaud