16 septembre - 24 novembre 2007
COCOERRANCE
Type
Exposition personnelle
Commissariat d'exposition
Perrine Lacroix
Liste des oeuvres
Communiqué de presse
En résonance avec la Biennale d’Art Contemporain de Lyon 2007
Anita Molinero compose une archéologie de notre quotidien à partir d’objets qui nous entourent et tout particulièrement d’éléments en plastique qu’elle fond et déforme, leur redonnant ainsi une nouvelle présence esthétique.
Visions oniriques, féeriques ou catastrophiques, ses œuvres se réclament d’une ère« Post Tchernobyl », comme l’artiste aime à le préciser, entre désenchantement et magie du monde.
Dans le nouvel espace de La BF15, Anita Molinero réalise un ensemble de pièces qui laisse échapper les effluves d’une inquiétante époque.
Elle investit la première salle dans sa verticalité. Une colossale tour s’y impose, constituée de plus de 36 000 plaques d’emballage bleues alvéolées empilées et brûlées. En regard sur le mur, se dresse une colonne vertébrale rouge articulée de plots de chantier explosés. Un banc se dresse, alors que DEPOUILLE se déploie au sol. Au cœur de l’exposition, COCOERRANCE est une table de travail que l’artiste revisite avec une plaque d’inox dans un mouvement expressionniste saisissant.
Sous la verrière s’étale au raz du sol une sculpture horizontale dont le plomb s’écrase de façon radicale.
La force plastique de ses sculptures nous met face à une réalité transfigurée, une force destructrice sublimée.
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"(…) A notre sens les œuvres d’Anita Molinero sont leurs matériaux. Des matériaux que l’on continue à nommer avec les mots du bord : béton aggloméré, mousse polyuréthane, vêtements, ruban adhésif, carton, banc… hier pouvant servir à se protéger, s’abriter, s’habiller, se couvrir, se poser, se reposer, se protéger ; objets utilitaires de simple rang tels que plaque de polyfoam, filet, container, palette de bois… aujourd’hui, pouvant servir à isoler, caler, retenir, transporter ; ni pauvres, ni riches, encore que les matériaux soient davantage l’apanage des pauvres et les objets, la carte de visite des riches, sauf à considérer spécifiquement les plus basiques d’entre eux, recyclés pour des usages de survie. Sans être autobiographiques à la manière des matières de Beuys, ils ne sont pas rebuts portant l’empreinte du temps comme chez Stankiewicz, ni spectaculairement présentés comme chez Nancy Rubins. Ils sont « nos contemporains » au sens d’un Sacha Guitry ne montrant de Degas que l’image filmée d’un vieillard sur un boulevard et que seule la désignation du commentaire tire de son anonymat. Ces matériaux sont assemblés, tout au moins juxtaposés, empilés, disons réunis. Ligaturés, emmaillotés, entravés. Ils sont comme recroquevillés, comme déliés, sans pour autant que leur existence ne devienne une énigme. (…)
Quasiment spectaculaires, sous le coup d’un réchauffement brutal, ses dernières sculptures, se rappellent bruyamment à nous. Faisant corps, meurtrissures à l’appui, après avoir dépasser l’être, elles se manifestent dans le devenir de leur environnement : la croûte de crasse des clochards de Duane Hanson allongés au milieu des détritus, les incluait dans la gangue urbaine, les boursouflures et les coulures nées de la fusion dans les sculptures contemporaines d’Anita Molinero désignent à tous le magma comme délocalisation à venir. Leurs couleurs, de seconde main, simplement extravagantes, contredisent le nouvel onirisme de design technologique cherchant à relooker le monde. Elles rappellent ces vêtements qui, distribués aux plus démunis, s’apparentent à des accoutrements de mutants à l’apparence familière.(…)"
Xavier Douroux, extraits de Sans désignation fixe ou la délocalisation de la sculpture formelle, dans catalogue Anita Molinero, 2005