Charles Vignaud - Musée de Poitiers

1985

Anita Molinero : Musée Saint-Croix

Musée Saint-Croix, Poitiers (FR)

Type

Exposition personnelle

Commissariat d'exposition

Blandine Chavanne, conservateur-adjoint aux Musées de Poitiers

Vues d'exposition

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Communiqué de presse

La sculpture d'Anita Molinero est en apparence tout à fait traditionnelle. Les pièces sont indépendantes les unes des autres bien que formant un ensemble dans la production de l'artiste. Ce qui est remarquable c'est, au premier abord, l'importance de la manière. Sans doute, pourrait-on qualifier ces œuvres non pas "d’œuvre d'art" mais de "geste d'art". En effet, sans être démonstratives, ces sculptures où l'intervention de l'artiste se lit au premier regard, sont "volontaristes". Le geste est mis en valeur par la matière, la forme et la présentation. Le spectateur découvrira les sculptures posées sur des socles, en se déplaçant, en tournant autour. Le rapport à l'environnement, à l'espace, n'est pas une préoccupation pour l'artiste. Chaque pièce est isolée volontairement afin de mettre en scène le geste, la matière, la forme et surtout la sculpture elle-même.

Le choix du matériau est important pour Anita Molinero. La plupart des œuvres récentes son en plâtre, qui est un des matériaux utilisés traditionnellement par le sculpteur. Le plâtre est moulé dans des feuilles de plomb, ou parfois dans du plastique. Dans certains cas, il est plus ou moins chargé de pigment qui apparaîtra par endroit sur la pièce. Une fois sèche, la pièce est travaillée, ciselée, sculptée. Le carton d'emballage est également un matériau utilisé par l'artiste qui lui permet de travailler plus rapidement et de faire des essais plus gravées, entaillées s'opposent à des surfaces poncées, lisses. La trace de l'outil, l'empreinte du sculpteur est très lisible par endroit. Le matériau devient alors matière. Parfois des pièces de terre cuite blanche vernissée intéressent l'artiste ; l'ajout n'est là que pour renforcer, souligner le geste du sculpteur. Cependant le moule en plomb, qui est assez rigide dicte une première forme et c'est le choix de la forme qui est primordial dans le travail d'Anita Molinero.

Attentive à l'Arte Povera italien (Merz, Kounellis, Anselmo, Zorio...) et à l'anti-forme américaine (les objets mous de Claes Oldenburg, les Feutres de Robert Morris...) Anita Molinero cherche de manière volontariste une forme. C'est cette dernière qui dicte la lecture de l'oeuvre. Doit-on parler de lyrisme, de baroque parce que la forme n'est pas d'un géométrisme primaire ? parce que le geste du sculpteur est repérable ? Il est, semble-t-il, plus judicieux de laisser au spectateur le loisir de définir ou de qualifier le style, qui est une des composantes de la référence précise et pourtant elle n'est pas gratuite ; liée au matériau elle n'est pas anecdotique, elle s'impose sans être démonstrative. Le volume est là concis, fermé, peu bavard. Après les recherches conceptuelles et analytiques des années 70, il semble que les années 80 laissent une liberté inouïe à l'artiste : il choisit ses références, ses maîtres, son style et son travail ne s'impose alors que la justesse et par la pertinence de ces trois éléments. La séduction est alors un critère important dans les oeuvres d'Anita Molinero.

Bibliographie

Crédits

Charles Vignaud - Musée de Poitiers