31 octobre 2018 - 15 mars 2019

Jeux avec particules

La Vilette, Paris (FR)

Type

Exposition personnelle

Commissariat d'exposition

Vues d'exposition

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Communiqué de presse

Au cœur de l’espace « Science actualités », situé au premier étage de la Cité des sciences et de l’industrie, à Paris,une installation détonne. À l’occasion d’une « expo-dossier » consacrée à la violence («Les humains plus violents qu’avant ? »), l’artiste Anita Molinero bénéficie, depuis le 31octobre, d’une « carte blanche ». Sa création : Jeux avec particules prend la forme d'une œuvre plastique qui confronte l’univers des accessoires de jeux d’enfants - toboggans et balançoires - à celui de l’automobile, représenté par des pots d’échappement aux orifices noircis par la fumée.

Faire « comprendre le caractère toxique de l’invisible »

Contemporaine sans être purement « conceptuelle », l’œuvre s’inscrit dans le travail mené depuis plus de trente ans par Anita Molinero. Laquelle se veut « intuitive» : pour elle, les formes des objets eux-mêmes - et particulièrement celles des matériaux plastiques - exposent les coulisses de notre société de consommation.Pneus, poubelles et autres plaques de polystyrène constituent d’ailleurs les principaux composants de son univers artistique singulier. « Ici, je reprends certaines pièces que j’ai commencé il y a dix ou quinze ans, quand je me suis intéressée à la fabrication industrielle, nous explique l’artiste,rencontrée à l’occasion de la présentation de son œuvre. Ce qui m’intéresse n’est pas l’accumulation et la consommation de masse directement, mais l’objet fabriqué en amont avec des polymères ».

« Les tuyaux d’échappement sont comme des organes par lesquels passent les gaz et sortent les particules. Les associer à l’univers matériel de l’enfance, c’est en quelque sorte la rencontre de deux grands désastres, poursuit-elle. Les plastiques sont pour moi des déchets à double titre : du point de vue matériel,bien sûr, mais aussi du point de vue de l’imaginaire de l’enfant, et de tout ce qu’on leur met de “pourri” dans la tête ». D’après l’artiste, le défi était de faire « comprendre le caractère toxique de l’invisible » : « Pour cela, j’ai bougé, transformé, étiré ces objets. Tout est fait dans l’énergie,avec des images fortes, des formes puissantes, et cet effet invasif de la racine. C’est un univers qui se croise et qui est en exaltation, à travers des expressions contradictoires - la joie ou l’horreur. C’est le monde des parcs,des bagnoles, de la rue ».

« C’est un lieu d’exploration, pas d’exposition »

Quant à son rapport à la « violence », elle le situe moins dans les matériaux plastiques et les pots d’échappement que dans le geste artistique à travers lequel elle les traite : « Cette création est violente au sens d’une énergie irréversible.Avec le lance-brûleurs qu’on utilise, si on se rate, c’est foutu. On transforme la matérialité vers une orientation où elle ne veut pas aller. L’œuvre est violente parce qu’elle est chaotique ».

Des formes de dissonance et de « chaos » également générées par le contraste avec l’œuvre qui encadre l’installation d’Anita Molinero : celle de l’artiste Bobby Dollar, qui représente six joueurs de l’équipe de France de foot dans un style très graphique. « Je trouvais ça chouette d’avoir des images de joueurs de foot autour de mon œuvre,alors j’ai demandé à ce qu’on laisse cette fresque là où elle était,explique simplement l’artiste. C’est un lieu d’exploration, pas d’exposition. Je souhaite que les gens rentrent, regardent les joueurs, se retournent et tombent sur l’installation… Qu’ils rencontrent l’œuvre, pas qu’ils soient déjà là pour elle ».

 

Bibliographie

Crédits