2004
Pièges de l'amour
Type
Exposition de groupe
Commissariat d'exposition
Stephen Marsden
Liste des oeuvres
Communiqué de presse
«L’histoire récente nous a appris que même les artistes qui n’interviennent pas physiquement dans la fabrication de leurs œuvres cherchent une justesse entre moyens et sens, et que les décisions sont à la fois d’ordre intellectuel et intuitif. C’est aussi ce qui rassemble les artistes choisis pour cette exposition. Les œuvres présentées seront sans nul doute capable d’arrêter l’attention de par leur présence, l’organisation de leurs différents éléments, d’interpeller comme une personne que nous ne connaissons pas encore, qui nous attire et vient nous piéger dans le jeu de l’amour».
Stephen Marsden, décembre 2001
Dans le hall de l’accueil, le Frac Limousin renoue avec la tradition de la plante verte. Il s’agit d’une sculpture domestique récemment imaginée par Richard Fauguet à partir de l’assemblage de plantes en pots, choisies pour leur dessin, et très astucieusement disposées sur un meuble en fer forgé. L’assemblage des objets et l’hybridation des plantes développent une nouvelle image, une silhouette canine apparaît. Sur le mur, un ancien collage « animalier » rend un hommage appuyé à Marlon Brando disparu juste avant l’exposition. On notera par le recouvrement de quelques lettres d’une enseigne de la grande distribution, l’artiste propose un jeu de mots dans la langue de Shakespeare, ce qui n’est pas rien, ni des plus déplacés (Mammouth devient "a-mouth", une bouche en anglais).
A gauche, une sculpture monumentale inédite de Stephen Marsden s’impose par son volume et sa couleur. Trois formes gonflées d’un bleu métallique qui semblent au plein de la salle. Il s’agit ici d’envisager que ces formes ne sont en fait que des agrandissements de formes préexistantes, ici trois préservatifs fantaisies, à taille humaine, celle de Marsden, en l’occurrence. Chaque élément a été patiemment modelé pour agrandir les moindres de ces courbes. Puis, un moule fut fabriqué pour tirer une épreuve unique en résine. Enfin, après d’harassantes journées de ponçage, l’ensemble fut confié à l’atelier d’un carrossier automobile. Ainsi, le fini industriel de ces trois préservatifs géants fait disparaître comme par enchantement des heures de sueur et de poussière, de concentration et de pensées aussi diverses (grivoises, cultivées, déviantes, ...) que la vérité de gestes accomplis (caresser, modeler, creuser, poncer, etc...) pour arrivée à cette précision spectaculaire. En face, au sol, une sculpture récente d’ Anita Molinero.
Réalisée à la suite de la rétrospective de Limoges, cette oeuvre fait partie d’un ensemble beaucoup plus vaste d’une série de poubelles. D’abord fondue et tronçonnée dans l’urgence de Tarbes, cette série a nettement évolué lors de l’exposition suivante, au Grand Café de Saint-Nazaire. Cette sculpture a été fondue au décapeur thermique et simplement retournée, couvercle au sol. Elle se développe ainsi vers le haut, la lumière. Est-ce la proximité des trois grands oiseaux de Marsden, la sculpture de Molinero fait penser à une graine, au calice d’une fleur sous-marine, en tout cas à une forme végétale.
Ou est-ce la proximité des deux tableaux de chien de Richard Fauguet ? En fait, il s’agit plutôt de deux reliefs tout aussi curieusement fabriqués qu’accrochés de travers. Plus simplement, deux planchettes recouvertes de pâte à modeler (ce sont les toutes premières recherches avec ce matériau commencées il y a dix ans) et de paires de lunettes cassées. Une manière fétichiste de tout recycler? Un double auto-portrait de l’artiste chien? A droite un très long dessin ancien de Richard Monnier vient compléter la situation.Galets a été réalisé selon une méthode très simple. Un galet, trempé dans l’encre de chine, est simplement poussé à plat, sur une longue feuille de papier. Ainsi, le caillou trace lui-même son chemin et l’empreinte de son déplacement devient le dessin.