18 octobre 2002 - 4 janvier 2003

Anita Molinero : Frac-Artothèque Nouvelle-Aquitaine

Frac-Artothèque Nouvelle-Aquitaine, Limoges (FR)

Type

Exposition personnelle

Commissariat d'exposition

Vues d'exposition

No items found.

Communiqué de presse

Après avoir déjà présenté son travail il y a deux ans lors de la série d’expositions « Une suite décorative », le Frac Limousin propose cet automne une rétrospective de l’œuvre d’Anita Molinero (née en 1953 à Bordeaux).  L’itinéraire plastique d'Anita Molinero et l’évolution de son œuvre trouvent dans la galerie des Coopérateurs l’occasion d’être enfin déployés dans une perspective chronologique de près de 20 ans. Même si de récentes expositions personnelles ont permis de saisir le développement de sa démarche (Bordeaux, Le Havre, et bientôt Tarbes), il restait encore à en proposer une vision panoramique.  L’exposition réunit des sculptures anciennes, parfois refaites pour l’occasion, mais surtout des œuvres récentes réalisées pour le Frac et en collaboration avec le CRAFT (Centre de Recherche sur les Arts du Feu et de la Terre de Limoges), après une résidence d’été à l’ENAD (Ecole Nationale des Arts Décoratifs) de Limoges.

Anita Molinero est sculpteur. Toute son œuvre s’appuie sur les différentes préoccupations de la sculpture. Elle développe les notions de plein et de vide, de poids et de masse, de volume, les questions autour du socle, et du geste de l’artiste dans l’atelier.  Ses sculptures sont riches d’une variété de matériaux qu’on pourrait qualifier de rebut ou de récupération : mousses, cartons, tissus et vêtements, barres et chaînes métalliques, divers éléments en plastique souvent très colorés (rouleaux de sacs poubelles, bidons, plaques de plexiglas, moules de polystyrène, emballages divers) ou encore des morceaux de bois.  L‘artiste expérimente tous ces matériaux en leur faisant subir des mutations profondes par la découpe ou la fonte, l’assemblage et le collage et bien d’autres transformations. Ainsi elle compose des volumes «sans donner à son geste une signification précise sinon celle d’une infinie liberté »1.  Même s’il elle entre dans un processus de récupération et de recyclage, et même si ces matériaux restent des « signes » de notre quotidien, elle n’agit pas par économie de moyen ni même pour dénoncer les conséquences d’une société de consommation, mais pour leur redonner une nouvelle présence esthétique.

Anita Molinero s’intéresse à la qualité des matériaux produits et rejetés par la société d’aujourd’hui, et non à leur valeur d’usage. Elle met en valeur leurs aspects physiques, le dur le mou, le brillant le mat, les contrastes de couleur, le grain de leur surface, pour fabriquer des sculptures d’une troublante beauté.  Cette volonté de travailler avec des matériaux nouveaux l’entraîne à introduire des vêtements dans ses sculptures assemblés avec du carton, de la mousse et/ou du plastique. Dés 1988 elle y ajoute des objets du quotidien (cuvette, couvercles de poubelles, bouteilles et bidons).

L’exposition présente un premier ensemble d’œuvres anciennes réalisé en 1984/1985. Ce sont des pièces conçues avec du plâtre coulé ensuite sculpté à l’aide d’outils traditionnels: gouges, burins, etc. Elle y a ajouté des éléments en terre cuite blanche, sur lesquels les traces de modelage sont visibles, et ainsi souligne le contraste entre l’empreinte des doigts et la morsure brutale des outils.

A partir de 1989, Anita Molinero produit une série de pièces disposées au sol (expositions au Centre de Création Contemporaine – Chapelle des Lazaristes, Tours, et en 1994 à l’École nationale des Beaux-Arts de Dijon). Les formats deviennent plus importants (90 x 200 x 200 cm), mais ils restent toujours à l’échelle du corps. Des formes de polystyrène moulé viennent s’ajouter à ses sculptures vers 1995. Ce sont à l’origine des emballages pour appareils d’électroménager, sur lesquels elle a coulé du ciment. Parfois, elle y a ajouté des éléments en latex ou encore des chaînes métalliques de vélo ou de moteur.

En 1997, elle commence à déformer certains matériaux par un processus de fusion. Elle opère sur des sacs ou des chaises de jardin en plastique qu’elle fait fondre à l’aide d’un pistolet à air chaud. Elle utilise aussi de l’acétone qu’elle répand sur la surface du plastique. Puis elle stoppe la fonte en rinçant à l’eau lorsqu’elle a obtenu la forme désirée.

Une série de petites pièces en porcelaine blanche a été réalisée à Limoges. Ce sont des moulages de fragments d’objets principalement en plastique, comme le dossier d’une chaise pour enfant ou le repose savon de nos salles de bain. Encore une fois ce n’est pas l’objet lui-même qui intéresse Anita Molinero, mais bien sa matérialité et sa forme qu’elle modifie complètement par le processus du moulage et les déformations que provoquent les phénomènes de cuisson de la porcelaine. Ces éléments sont ensuite assemblés avec des emballages de polystyrène fondus.

Pour le Frac Limousin, elle a aussi choisi de reconstituer un mur de Vénilia, déjà présenté une première fois à la galerie du Triangle à Bordeaux en 2000, et au Havre en 2001. Il s’agit de recouvrir tout un mur de l’espace d’exposition avec du Vénilia coloré, sous lequel se trouvent disposés divers objets ou formes de formats différents. Ainsi , un relief est donné à la paroi recouverte de malformations.

Une installation in-situ est présentée pour le Frac Limousin. Elle a construire tout un plafond en plaques de polystyrène extrudé, Polyfoam rose, qui a auparavant subi les attaques de l’acétone, comme décrit plus haut.  Ainsi, d’une sculpture associative et comme malmenée jusqu’au troublant équilibre de ses débuts, s’est-elle progressivement tournée vers une sculpture envahissante qui « boursoufle » le mur ou devient quelque peu menaçante, suspendue au-dessus de nos têtes.

Un itinéraire fait d’énergie pure, nourri d’effets spéciaux, troublant de torsions et de gestes pétrifiés, instable parfois jusqu’à l’écœurement, violent et tendre à la fois, inventif et drôle.

Bibliographie

Crédits