2016
Le bourdon sur la butte
Série des impressions 3D, résine ACCURA 25R peinte
Dimensions
27,4 x 24 x 18,5 cm
Status of the work
Courtesy Galerie Christophe Gaillard
Exposure
Bibliography
Magazine Étapes, n°262 “L’impression 3D, une Utopie réalisée“, Jeanne Quéheillard, Dossier design & 3D, p.146-153, 11 juin 2021, papier
Cette sculpture en édition illimitée, disponible en plusieurs couleurs, est fabriquée à la demande en impression 3D. Le modèle informatique original a été réalisé par Another Me (Frédéric Lucazeau), l’œuvre a été produite par Less is More Factory et fabriquée par une usine en France.Cette petite « sculpture dérivée » naît de l’envie d’Anita Molinero de réaliser un documentaire-fiction en 3 dimensions avec le réalisateur José Éon, pendant l’un de ses propres chantiers. Ce documentaire aurait laissé une part à la fiction en imaginant un scénario à partir des outils dangereux utilisés lors de ce chantier. Comme pour les blockbusters américains, des goodies auraient été créés, objets directement tirés du film, lui-même explicitant le travail de l’artiste. En renversant ce modèle commercial traditionnel, nous sommes ici en présence d’un goodie se référant à un film qui n’existe pas, le documentaire n’ayant finalement pas été réalisé.Imprimé en 3D selon une technique de stéréolithographie, cet objet en édition multiple permet à la fois une économie de moyens — en éditant l’œuvre selon la demande sans perte ni stock — et une accessibilité plus grande puisque sa reproductibilité est de fait infinie. L’image même de la sculpture est plus accessible : pour le grand public, un scénario immédiat tantôt fantastique, tantôt documentaire surgira de l’œuvre. Le concept de scénario n’est pas habituel dans l’œuvre d’Anita Molinero ; ici, il prend tout son sens en présentant l’instant T d’une action en cours, avec un avant et un après. Le hors-champ est de fait essentiel dans ce travail et renvoie au lien très fort qui unit l’artiste au cinéma : ses premières poubelles, il y a 20 ans, portaient le nom d’aliens et le documentaire en 3D à l’origine de ce projet devait renvoyer au cinéma de science-fiction.L’artiste est ici représentée assise sur un container déformé. Cet objet est le logo d’une époque : la crise urbaine, les manifestations, la pollution, la colère sociale, les grèves et blocus… se retrouvent incarnés en une figure unique. Cette position militante de résistance sociale est revendiquée par l’artiste qui porte les stigmates du travailleur, mais s’accorde un temps de pause/pose, allume une cigarette et invite à la réflexion. Plus poétiquement, l’artiste est juchée sur une poubelle qui a valeur de vaisseau flottant, comme un défi lancé à la gravité et aux matériaux. La multiplicité de l’œuvre et plus encore celle des couleurs et textures — choix de l’artiste de laisser le choix — renvoient enfin au champ du jeu vidéo : une édition de l’œuvre comme un pixel, formant finalement une image plus globale, celle d’une société de postconsommation qui jette aussi vite qu’elle consomme.Le titre renvoie au personnage de Mémé Cornemuse, récurrent dans les récits de l’écrivaine Nadine Monfils. Décrit comme un bourdon sur la butte, ce personnage est une habitante de Montmartre qui ne cesse d’agresser et de voler les passants. L’image de cet insecte dérangeant, attiré par une butte ici représentée par le container, fait écho à la position de l’artiste dans une société polluée et polluante.Cette image peut en appeler d’autres, futures, dans l’optique de renouer avec l’imagerie quotidienne ou religieuse des tableaux vivants dans la sculpture du XIXe siècle. Ce travail se situe à la croisée d’une tradition artistique des plus classiques et d’une pratique commerciale des plus contemporaines.La stéréolithographie ou SLA® permet d’imprimer des pièces à partir de résines liquides sous l’action d’une lumière UV laser à partir d’une définition numérique 3D. Sans limite de complexité géométrique, les pièces obtenues sont caractérisées par un excellent état de surface. La matière utilisée est l’ACCURA 25®, matériau précis et flexible simulant les propriétés et l’aspect du polypropylène. Cette résine permet d’atteindre une résolution et une précision exceptionnelles.L’œuvre a été présentée pour la première fois au salon Multiple Art Days (MAD) à la Maison Rouge en septembre-octobre 2016.
Bibliographie
Magazine Étapes, n°262 “L’impression 3D, une Utopie réalisée“, Jeanne Quéheillard, Dossier design & 3D, p.146-153, 11 juin 2021, papier
Cette sculpture en édition illimitée, disponible en plusieurs couleurs, est fabriquée à la demande en impression 3D. Le modèle informatique original a été réalisé par Another Me (Frédéric Lucazeau), l’œuvre a été produite par Less is More Factory et fabriquée par une usine en France.Cette petite « sculpture dérivée » naît de l’envie d’Anita Molinero de réaliser un documentaire-fiction en 3 dimensions avec le réalisateur José Éon, pendant l’un de ses propres chantiers. Ce documentaire aurait laissé une part à la fiction en imaginant un scénario à partir des outils dangereux utilisés lors de ce chantier. Comme pour les blockbusters américains, des goodies auraient été créés, objets directement tirés du film, lui-même explicitant le travail de l’artiste. En renversant ce modèle commercial traditionnel, nous sommes ici en présence d’un goodie se référant à un film qui n’existe pas, le documentaire n’ayant finalement pas été réalisé.Imprimé en 3D selon une technique de stéréolithographie, cet objet en édition multiple permet à la fois une économie de moyens — en éditant l’œuvre selon la demande sans perte ni stock — et une accessibilité plus grande puisque sa reproductibilité est de fait infinie. L’image même de la sculpture est plus accessible : pour le grand public, un scénario immédiat tantôt fantastique, tantôt documentaire surgira de l’œuvre. Le concept de scénario n’est pas habituel dans l’œuvre d’Anita Molinero ; ici, il prend tout son sens en présentant l’instant T d’une action en cours, avec un avant et un après. Le hors-champ est de fait essentiel dans ce travail et renvoie au lien très fort qui unit l’artiste au cinéma : ses premières poubelles, il y a 20 ans, portaient le nom d’aliens et le documentaire en 3D à l’origine de ce projet devait renvoyer au cinéma de science-fiction.L’artiste est ici représentée assise sur un container déformé. Cet objet est le logo d’une époque : la crise urbaine, les manifestations, la pollution, la colère sociale, les grèves et blocus… se retrouvent incarnés en une figure unique. Cette position militante de résistance sociale est revendiquée par l’artiste qui porte les stigmates du travailleur, mais s’accorde un temps de pause/pose, allume une cigarette et invite à la réflexion. Plus poétiquement, l’artiste est juchée sur une poubelle qui a valeur de vaisseau flottant, comme un défi lancé à la gravité et aux matériaux. La multiplicité de l’œuvre et plus encore celle des couleurs et textures — choix de l’artiste de laisser le choix — renvoient enfin au champ du jeu vidéo : une édition de l’œuvre comme un pixel, formant finalement une image plus globale, celle d’une société de postconsommation qui jette aussi vite qu’elle consomme.Le titre renvoie au personnage de Mémé Cornemuse, récurrent dans les récits de l’écrivaine Nadine Monfils. Décrit comme un bourdon sur la butte, ce personnage est une habitante de Montmartre qui ne cesse d’agresser et de voler les passants. L’image de cet insecte dérangeant, attiré par une butte ici représentée par le container, fait écho à la position de l’artiste dans une société polluée et polluante.Cette image peut en appeler d’autres, futures, dans l’optique de renouer avec l’imagerie quotidienne ou religieuse des tableaux vivants dans la sculpture du XIXe siècle. Ce travail se situe à la croisée d’une tradition artistique des plus classiques et d’une pratique commerciale des plus contemporaines.La stéréolithographie ou SLA® permet d’imprimer des pièces à partir de résines liquides sous l’action d’une lumière UV laser à partir d’une définition numérique 3D. Sans limite de complexité géométrique, les pièces obtenues sont caractérisées par un excellent état de surface. La matière utilisée est l’ACCURA 25®, matériau précis et flexible simulant les propriétés et l’aspect du polypropylène. Cette résine permet d’atteindre une résolution et une précision exceptionnelles.L’œuvre a été présentée pour la première fois au salon Multiple Art Days (MAD) à la Maison Rouge en septembre-octobre 2016.