20 février - 5 mai 2013
Retour du monde - commandes publiques autour du tramway de Paris
Type
Exposition de groupe
Exhibition curator
Christian Bernard
Avec : Pierre Alferi, Pierre Ardouvin, John M Armleder, Sylvie Auvray, Katinka Bock,Mohamed Bourouissa, Rodolphe Burger, Olivier Cadiot, Michel Corajoud et Yannick Salliot,Group8, Mark Handforth, Hippolyte Hentgen, Chourouk Hriech, Langlands & Bell, Lu Hao,Peter Kogler, Anita Molinero, Didier Marcel, Pascal Pinaud, Nancy Rubins, Yvan Salomone,Pascale Marthine Tayou, Bert Theis
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List of works
Press release
L’exposition Commandes publiques autour du tramway de Paris rend compte de l’ensemble des commandes artistiques réalisées au long du tramway, sur les boulevards des Maréchaux à l’Est de Paris (de la Porte d’Ivry à la Porte de La Chapelle) qui ont été proposées par le Mamco. Elle associe des œuvres originales, notamment celles qui témoignent du chantier, des esquisses, des maquettes et des vues documentaires, y compris des projets inaboutis. À l’image de l’espace urbain, elle propose un parcours multiple, entre imagination et possibles, projets et réalité.
Sept notes à propos de l’art dit public :
1. L’espace public — quelles que soient l’extension et la compréhension que l’on donne à ce concept — est largement privatisé — essentiellement par le commerce et la publicité qui en est le vecteur de développement.
2. Dans l’espace public, l’apparition d’une œuvre d’art dit contemporain est largement reçue comme superfétatoire, comme procédant d’une dépense publique qui spolie l’usager d’investissements plus urgents et surtout plus utiles. Sa légitimité, quand elle est admise, paraît inopportune.
3. Dans l’espace public, une œuvre d’art, quand elle est perçue comme telle, est souvent reçue comme l’expression d’une subjectivité déplacée ou excentrique, condescendante ou agressivement singulière – en un mot comme une privatisation peu légitime de l’espace commun.
4. Dans l’espace public, les œuvres d’art dit contemporain ne sont souvent ni simplement perçues ni a fortiori reconnues comme telles. Quand leurs objets sont discernés, ce n’est donc pas nécessairement en tant qu’objets proposés au nom de l’art, mais plus souvent comme des choses sans statut, sans autorité ni raisons d’être – des obstacles.
5. L’espace urbain est violent. Les objets qu’on y installe doivent être conçus pour résister à cette violence. Installer des œuvres d’art dans l’espace public est, de ce fait, très onéreux en termes de production et de maintenance. Sans des moyens appropriés, l’art dans l’espace urbain est contreproductif pour l’artiste comme pour la ville.
6. Quoi que nous puissions en penser, les usagers de l’espace public jugent légitimement de ce que la puissance publique y dispose. Avant cette appréciation démocratique, l’élaboration d’une commande publique a dû franchir de nombreux paliers de validation où chaque interlocuteur s’est exprimé d’un point de vue qui n’est pas celui du jugement artistique. L’essentiel des critères de validation d’une œuvre d’art dans l’espace public est étranger à son évaluation artistique. La commande publique, pour l’artiste et pour le curateur, est souvent ainsi un parcours du combattant particulièrement éprouvant et semé de renoncements et de déconvenues. Mais c’est peut-être la seule école du réel pour les acteurs du monde de l’art.
7. Confronté à ces données depuis de longues années, je me suis progressivement armé d’une méthode visant à atténuer, peu ou prou, certaines difficultés majeures de la commande publique.
Cette méthode tient en cinq points principaux :
a. Choisir d’abord les sites de la commande pour la richesse des motivations qu’ils offrent aux artistes, la force des questions qu’ils peuvent leur adresser. Chercher ensuite quel artiste serait le mieux à même de répondre à ces questions, de faire fonds dans son œuvre des divers éléments dégagés dans l’analyse du site.
b. Demander ensuite des esquisses, ne pas hésiter à en demander de nouvelles, ne pas craindre de renoncer ni de s’adresser à un autre artiste tant que la conviction n’est pas acquise. Rien ici de la prison juridico-bureaucratique des appels d’offre et des concours.
c. Privilégier les objets qui ne supposent pas de préacquis culturel dans le domaine de l’art contemporain. Proposer par conséquent des objets qui peuvent valoir sans être considérés comme des œuvres d’art.
d. Éviter les formes qui toisent l’usager de l’autorité opaque de l’œuvre. Ne pas craindre au contraire par exemple les propositions porteuses d’humour.
e. Enfin, préférer les objets qui comportent une dimension d’usage. À la notion d’art dans l’espace public substituer celle d’art dans l’usage public.