Septembre - octobre 2016
Multiple Art Days (MAD)
Type
Hors-les-murs
Exhibition curator
Une production artistique de Less is more Factory
List of works
Press release
Le bourdon sur la butte, 2016
Anita Molinero
Résine ACCURA 25® peinte, 27,4 x 24,0 x 18,5 cm, 380,9 cm3
Cette sculpture en édition illimitée, disponible en plusieurs couleurs, est fabriquée à la demande en impression 3D. Le modèle informatique original a été réalisé par Another Me (Frédéric Lucazeau), l’œuvre a été produite par Less is More Factory et fabriquée par une usine en France.Cette petite « sculpture dérivée » naît de l’envie d’Anita Molinero de réaliser un documentaire-fiction en 3 dimensions avec le réalisateur José Éon, pendant l’un de ses propres chantiers. Ce documentaire aurait laissé une part à la fiction en imaginant un scénario à partir des outils dangereux utilisé lors de ce chantier. Comme pour les blockbusters américains, des goodies auraient été créés, objets directement tirés du film, lui-même explicitant le travail de l’artiste. En renversant ce modèle commercial traditionnel, nous sommes ici en présence d’un goodie se référant à un film qui n’existe pas, le documentaire n’ayant finalement pas été réalisé.Imprimé en 3D selon une technique de stéréolithographie, cet objet en édition multiple permet à la fois une économie de moyen — en éditant l’œuvre selon la demande sans perte ni stock — et une accessibilité plus grande puisque sa reproductibilité est de fait infinie. L’image même de la sculpture est plus accessible : pour le grand public, un scénario immédiat tantôt fantastique, tantôt documentaire surgira de l’œuvre. Le concept de scénario n’est pas habituel dans l’œuvre d’Anita Molinero ; ici, il prend tout son sens en présentant l’instant T d’une action en cours, avec un avant et un après. Le hors-champ est de fait essentiel dans ce travail et renvoie au lien très fort qui unit l’artiste au cinéma : ses premières poubelles, il y a 20 ans, portaient le nom d’aliens et le documentaire en 3D à l’origine de ce projet devait renvoyer au cinéma de science-fiction.
L’artiste est ici représentée assise sur un container déformé. Cet objet est le logo d’une époque : la crise urbaine, les manifestations, la pollution, la colère sociale, les grèves et blocus... se retrouvent incarné en une figure unique. Cette position militante de résistance sociale est revendiquée par l’artiste qui porte les stigmates du travailleur, mais s’accorde un temps de pause/pose, allume une cigarette et invite à la réflexion. Plus poétiquement, l’artiste est juchée sur une poubelle qui a valeur de vaisseau flottant, comme un défi lancé à la gravité et aux matériaux. La multiplicité de l’œuvre et plus encore celle des couleurs et textures — choix de l’artiste de laisser le choix —, renvoient enfin au champ du jeu vidéo : une édition de l’œuvre comme un pixel, formant finalement une image plus globale, celle d’une société de postconsommation qui jette aussi vite qu’elle consomme. Le titre renvoie au personnage de Mémé Cornemuse, récurrent dans les récits de l’écrivaine Nadine Monfils. Décrit comme un bourdon sur la butte, ce personnage est une habitante de Montmartre qui ne cesse d’agresser et de voler les passants. L’image de cet insecte dérangeant, attiré par une butte ici représentée par le container, fait écho à la position de l’artiste dans une société polluée et polluante.
Cette image peut en appeler d’autres, futures, dans l’optique de renouer avec l’imagerie quotidienne ou religieuse des tableaux vivants dans la sculpture du XIXème siècle. Ce travail se situe à la croisée d’une tradition artistique des plus classiques et d’une pratique commerciale des plus contemporaines.
L’œuvre a été présentée pour la première fois au salon Multiple Art Days (MAD) à la Maison Rouge en septembre-octobre 2016.