André Morin
8 janvier - 1er mars 2020
Anita Molinero, Espace des arts
Type
Exposition personnelle
Exhibition curator
En partenariat avec le FRAC Bourgogne
List of works
Press release
Anita Molinero est une artiste travaillant à partir de matériaux « non-nobles », habituellement éloignés du monde de l’art et de l’exposition. Containers à poubelles, polystyrène, pots d’échappements, mousses industrielles ou plastique composent sa palette de matériaux dérisoires, ordinaires et toxiques que l’artiste s’emploie le plus souvent à faire fondre pour créer ses sculptures. Confrontant le visiteur à l’aspect brut de ces matériaux, Anita Molinero refuse cependant l’esthétisme de leur pauvreté et préfère s’en tenir à témoigner d’une réalité matérielle crue. C’est suite au désastre écologique de la catastrophe de Tchernobyl et du nuage radioactif qui traversa l’Europe, qu’elle utilisera de nouveaux outils (pistolets chauffants, chalumeaux, produits chimiques) lui donnant un nouvel argument pour poursuivre son travail à l’aide de ce qu’elle qualifie d’« outils de la mort », dont les effets déforment de façon irréversible les matériaux.
Pour réaliser ces deux sculptures, Anita Molinero a utilisé des chutes industrielles d’objets issus de l’industrie pétro-chimique, des rebuts présentant des défauts de fabrication, pour Sans titre (La rose), du polystyrène, pour Souvenir d’Oyonnax, des séparateurs de voies en plastique. C’est la place ordinaire de ces objets dans l’espace public et leur aspect industriel qui intéressent Anita Molinero. La toxicité du plastique, ici en partie fondu par la chaleur d’une flamme, est évoquée comme une donnée banale de notre environnement quotidien mais aussi dans sa dimension esthétique. C’est ce qu’évoque la cynique appellation de « souvenir » d’Oyonnax. Discret et sophistiqué, le séparateur de voies évoque notre société de l’industrie qui marque l’espace public par ses formes programmées et ses matériaux artificiels. Il n’y a pas de hasard dans ces formes instruites pour les besoins des politiques d’urbanisation. L’artiste, comme sculptrice, les met en valeur en les sortant de leur contexte, en leur enlevant leur fonction et leur banalité. Exposés à la façon d’un mobile aux couleurs dégradées qui évoque la sculpture moderne, les séparateurs de voies sont révélés dans une étrange pureté esthétique. De même, les trois blocs monolithiques éventrés de Sans titre (La rose) évoquent tout aussi bien un décor de film de science-fiction que des gisants ou des socles de sculpture.
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Credits
André Morin